L'énigme des points perdus

Il était une fois, au cœur d'une petite clairière, une coccinelle joyeuse nommée Choupette. Choupette avait toujours été fière de sa jolie carapace décorée de petits points noirs. Elle était d'un rouge éclatant, et ses petits points faisaient d'elle l'une des coccinelles les plus élégantes de la forêt. Choupette aimait beaucoup manger des feuilles, se reposer et parfois faire les deux en même temps.

Mais ce matin-là, Choupette se réveilla avec une grande surprise. Ses points avaient disparu ! Son beau corps était tout rouge, sans aucune tache noire. Très inquiète, elle commença à tourner en rond dans sa petite maison.

« Où sont mes points ? Qui a pu me les voler ? » s’écria Choupette, paniquée.

Elle décida d'aller chercher de l’aide. Elle se rendit chez Cruchot, le gendarme de la forêt. Cruchot était un petit insecte rouge avec des taches noires, tout comme Choupette, mais ses couleurs étaient plus sombres. Toujours vêtu de son uniforme bien repassé, il était sérieux et aimait que tout soit en ordre. Lorsqu’il marchait, ses antennes bougeaient fièrement.

Quand Choupette frappa à sa porte, Cruchot sortit en sautillant, l’air très concentré.

« Bonjour, madame Choupette ! Que puis-je faire pour vous ? » demanda Cruchot, les antennes droites.

« Cruchot, on m’a volé tous mes points ! Ils ont disparu pendant la nuit ! » répondit-elle, la voix tremblante. « Sans eux, je ne suis plus la même coccinelle… »

« Ne t'inquiète pas ! Nous allons résoudre cette affaire ensemble ! » promit Cruchot en prenant un air sérieux.

Les deux amis retournèrent à la maison de Choupette pour chercher des indices. Cruchot observait tout, du sol au plafond, ses yeux plissés comme un vrai enquêteur. Mais après une longue matinée de recherches, ils ne trouvèrent rien. Pas une seule trace, ni un indice.

« Hum… C’est une affaire plus compliquée que je ne le pensais », dit Cruchot en se grattant la tête.

Alors, Cruchot décida d’appeler sa meilleure amie, Smarty, la détective la plus rusée de la forêt. Smarty était une fouine, longue et fine, avec un pelage brun et blanc qui brillait au soleil. Très intelligente, elle avait le don de toujours trouver la solution aux mystères les plus difficiles. Elle arriva d'un pas léger, son long corps glissant élégamment entre les brins d'herbe.

« Choupette, raconte-moi tout depuis le début », demanda Smarty en fixant la coccinelle de ses petits yeux vifs.

« Hier soir, j'avais tous mes points. Et ce matin, ils avaient disparu ! Je n’ai rien vu ni entendu pendant la nuit. Je ne comprends pas… » expliqua Choupette, la voix pleine d’angoisse.

« Hum... As-tu des idées ? Peut-être quelqu’un aurait-il voulu te jouer un mauvais tour ? » demanda Smarty, ses moustaches frémissant de curiosité.

Choupette réfléchit un instant. « Eh bien, hier j’ai eu une dispute avec Aphie, le puceron. Il ne m'aime pas trop parce qu’il m’est arrivée quelque fois de mordre ses amis. Et puis, il y a Gluglu la limace. Elle était un peu en colère contre moi hier… »

Les enquêteurs décidèrent d’aller voir Gluglu, une limace lente mais très intelligente. Gluglu avait un corps visqueux et mou, avec de petites antennes qui frétillaient lorsqu’elle parlait. Elle était toujours discrète, se faufilant partout dans la forêt.

Quand ils la trouvèrent, elle était en train de manger un énorme morceau de laitue. Lorsqu’elle vit arriver les enquêteurs, elle soupira.

« Gluglu ! As-tu volé les points de Choupette ? » demanda Smarty en plissant les yeux.

Gluglu regarda les enquêteurs avec un air contrarié.

« Moi ? Voler ses points ? Jamais ! Hier, j'étais occupée à manger une salade avec mon ami l’escargot. Choupette est venue nous embêter, mais après ça, je suis rentrée chez moi. Et puis, je suis bien trop lente pour voler quoi que ce soit ! »

Puis Gluglu regarda l’heure et s’écria :

« C’est pas vrai ! Je vais être en retard à la rentrée ! » Elle se mit à ramper aussi vite qu’une limace le peut.

Les enquêteurs décidèrent donc d’aller voir Aphie, un puceron vert très occupé, petit mais toujours en train de se plaindre. Aphie était aussi le responsable du groupe des pucerons de la forêt, un rôle qui lui prenait beaucoup de temps.

« Aphie, as-tu volé mes points ? » demanda Choupette d’une voix timide.

Aphie fronça les sourcils et croisa ses minuscules bras.

« Moi ? Voler tes points ? Pas du tout ! J’ai assez de soucis avec mes affaires. Si tu m’accuses, c’est parce que tu n’aimes pas que moi et mes amis pucerons soyons protégés par les fourmis. Hier, je dormais avec mes amis. Va leur demander ! »

Les enquêteurs commencèrent à douter. Peut-être que personne n’avait volé les points de Choupette après tout. Smarty, la détective, remarqua alors quelque chose de bizarre. Non loin de la maison de Choupette, il y avait un jardin rempli de tomates rouges bien mûres.

« Choupette, as-tu mangé des tomates hier soir ? » demanda Smarty en souriant.

Choupette se mit à réfléchir. « Oh oui, c’est vrai ! J’ai mangé beaucoup de tomates hier soir… Elles étaient tellement délicieuses ! »

Smarty hocha la tête. « Et as-tu pris un bain après ? » demanda Smarty.

Choupette rougit et secoua la tête. « Non, j’étais trop fatiguée après avoir mangé. Je me suis endormie tout de suite… »

Smarty s’approcha de Choupette, regarda de plus près et sourit.

« Je pense que le mystère est résolu ! Le jus des tomates a coloré ta peau en rouge et a caché tes points. »

Choupette n’en revenait pas. Elle rentra chez elle, prit un bon bain, et quand elle en sortit, ses points étaient de retour !

« Merci, Smarty ! Merci, Cruchot ! Vous avez résolu l’énigme ! » dit-elle en sautillant de joie.

« Avec plaisir, Choupette. Mais tu devrais t'excuser auprès de Gluglu et Aphie pour les avoir accusés », lui conseilla Smarty avec un clin d’œil.

Choupette alla tout de suite s’excuser auprès de la limace et du puceron, qui acceptèrent ses excuses. De leur côté, Cruchot retourna à ses enquêtes, et Smarty continua de résoudre les mystères de la forêt.

Depuis ce jour, Choupette n'oublie plus de se laver avant de se coucher ! Elle raconta à tous ses amis qu’il ne faut jamais accuser les autres sans preuve et que parfois, les solutions aux plus grands mystères sont les plus simples.