Il était une fois, dans un coin paisible de la rivière aux reflets multicolores, un petit canard farceur nommé Carmi. Bien qu’il ait de grandes ailes, Carmi ne s'intéressait pas vraiment au vol. Son activité préférée était de nager, de plonger sous l’eau, et, surtout, de montrer ses petites fesses rebondies aux animaux de la rivière ! Ce jeu lui valait une réputation de canard un peu « mal élevé » parmi les autres.
Un jour, alors que Carmi pêchait seul en faisant de petites bulles sous l’eau, une ombre immense apparut sous la surface. C’était Glouglou le silure, le plus gros poisson de la rivière. Avec son grand corps et sa large bouche, Glouglou avait un appétit énorme, mais une vue assez mauvaise. En apercevant Carmi, il pensa qu'il s'agissait d’un poisson appétissant et s'approcha discrètement pour se préparer à le croquer.
Quand Carmi vit l’énorme poisson se rapprocher, il comprit que ce dernier l'avait pris pour un déjeuner. Le petit canard écarta ses ailes et lança :
« Hé, toi là-bas ! Ne t’approche pas, ou tu vas le regretter ! »
Surpris, Glouglou s’arrêta. « Oh, excuse-moi ! Je ne voulais pas t'effrayer. Je t’ai pris pour un poisson. Ma vue n’est pas très bonne, tu sais, et tout se ressemble sous l’eau. »
Carmi, rassuré par l’explication, se calma.
« Oh, je comprends ! Tout le monde peut faire une erreur. Je suis Carmi ! »
« Enchanté, Carmi ! Moi, c’est Glouglou. Je viens du Conflans mais je ne saurais pas y retourner. Je me perds facilement à cause de ma vue, alors je voyage en suivant la rivière, profitant des rencontres que je fais. Mais pour l’instant, j’ai surtout un gros problème pour trouver à manger… » confia le silure.
Carmi sourit, amusé par ce grand poisson au cœur tendre.
« Eh bien, peut-être que je peux t’aider ! Moi, mon problème, c’est que mes amis canards pensent que je suis malpoli à cause de ma façon de pêcher. Pourtant, c’est tellement plus pratique de plonger comme je le fais ! »
En entendant cela, Glouglou hocha la tête. « Je comprends. Ne t’inquiète pas, Carmi. Un jour, ils verront que ta façon de pêcher est la meilleure. En attendant, si tu m’aides à trouver de la nourriture, je vais t’aider à prouver à tes amis que tu es un canard extraordinaire. »
Les yeux de Carmi s'illuminèrent. « Tu penses vraiment qu’on peut faire ça ? »
Glouglou répondit avec un clin d’œil malicieux. « Absolument ! Allons-y dès demain ! »
Le lendemain, Carmi amena Glouglou près de l’endroit où se trouvaient ses amis canards : Rifi, Filou, et Louri.
C’est alors que Glouglou fit ce qu’ils avaient prévu : il s’approcha lentement, son ombre imposante planant sous les trois canards. Ces derniers, qui n’arrivaient pas à distinguer de quoi il s’agissait, commencèrent à se déplacer pour s’éloigner. Cependant, l’ombre semblait les suivre.
« Euh, on ne devrait pas s’envoler ? » murmura Rifi en tremblant.
« On n’est pas des poules mouillées ! » répondit Filou en essayant de rester calme.
Mais quand l’ombre devint plus proche, même Louri s’inquiéta.
Ils arrivèrent devant Carmi qui plongeait et remontait à la surface avec des poissons dans le bec. Cette fois-ci, ses amis étaient étonnés de voir à quel point il était bon avec sa technique.
Rifi décida de l’imiter et plongea sa tête dans l’eau. Il fut surpris de voir l’immense poisson sous leurs pattes palmées. Il remonta et cria : « Vite, un énorme poisson ! »
Les trois canards paniquèrent, tandis que Carmi restait calme. Il battit des ailes et s’interposa devant Glouglou, montrant à ses amis qu’il n’avait pas peur. Les autres canards, impressionnés, s’arrêtèrent et le regardèrent en silence.
« Pas de panique ! Glouglou n’est pas un danger. C’est mon ami, et il voulait juste vous montrer que ma technique de pêche est efficace, » dit Carmi en souriant.
Les trois canards se tournèrent vers Glouglou, un peu gênés, puis vers Carmi.
« On ne savait pas que tu pouvais être aussi courageux, Carmi, » dit Rifi.
Filou, demanda timidement : « Dis, tu nous apprends ta technique de pêche ? Peut-être qu’on pourrait essayer aussi… »
Carmi se sentait heureux et fier pour la première fois. Grâce à son amitié avec Glouglou, il était enfin respecté par ses amis.
Notre ami partagea sa technique de pêche avec Rifi, Filou, et Louri. Ensemble, ils s’entraînèrent dans la rivière, plongeant, remontant à la surface avec de petits poissons, et, parfois, montrant leurs fesses rebondies comme le faisait Carmi. Ils comprirent également qu’il ne fallait pas juger trop rapidement une idée sans la comprendre.
À partir de ce jour, à chaque fois que Carmi plongeait dans l’eau, il lançait un clin d’œil à Glouglou, sachant que, même si ses amis étaient maintenant à ses côtés, il avait un allié spécial qui veillait toujours sur lui.