Il était une fois, dans une belle forêt remplie de couleurs d'automne, un petit grillon espiègle nommé Gédéon.
Gédéon aimait sauter et jouer toute la journée. Avec ses grandes antennes, il pouvait sentir la présence de tous les animaux de la forêt. Mais ce jour-là, personne n’était près de lui. Il commençait à s’ennuyer… jusqu’à ce qu'il sente quelqu'un approcher.
C’était Gros-Groin, un gros sanglier grognon.
Gros-Groin n'aimait pas beaucoup la compagnie et préférait être seul. Avec son poil marron et ses grosses défenses, il marchait dans la forêt à la recherche de châtaignes et de champignons. Il ne supportait pas le bruit, et si quelqu’un venait le déranger, il n'hésitait pas à grogner et menacer de donner un coup de défense.
Gédéon, qui adorait jouer, décida de s'amuser un peu avec Gros-Groin.
Il n'écouta pas sa conscience, cette tranquille petite voix que personne ne veut entendre. Au lieu de cela, il se mit à sautiller autour de Gros-Groin, en frottant ses ailes pour chanter fort. Le bruit agaça beaucoup le gros sanglier.
« Tu vas regretter d’être venu me déranger ! » grogna Gros-Groin, en essayant de l’écraser avec ses grosses pattes.
Mais Gédéon était rapide et évita le coup.
« Ah, ah, essaye donc de m’attraper ! » répondit Gédéon, tout en rigolant.
Le sanglier, frustré, pensait que le grillon allait partir, mais Gédéon était têtu.
Plus tard dans la journée, le petit grillon revint, cette fois-ci en chantant encore plus fort. Gros-Groin, très énervé, se mit à le poursuivre en grognant :
« Si je t’attrape, tu vas voir ! »
Mais Gédéon riait.
« Tu ne pourras jamais m’attraper, je suis trop rapide pour toi ! »
Le soleil se coucha, et Gédéon rentra chez lui pour dormir.
Pendant ce temps, Gros-Groin s’arrêta enfin de courir, complètement épuisé. C'est alors qu'Huguette, le sage chouette, qui avait tout vu, vola jusqu'à lui.
« Que se passe-t-il, pourquoi es-tu si fatigué ? » demanda-t-elle avec sa voix calme.
Gros-Groin grogna tristement :
« J’ai passé toute la journée à fuir les deux chasseurs irréductibles et leur molosse. Je pensais être enfin tranquille dans la forêt, mais ce petit grillon n'arrête pas de m’embêter. Je n'arrive pas à l'attraper, il est trop rapide ! »
Huguette réfléchit un instant, puis dit doucement :
« Tu sais, Gros-Groin, tu ne pourras pas l'attraper en utilisant ta force. Parfois, la ruse est plus efficace que la force. Souviens-toi de cette phrase : Par la ruse, on peut prendre un lion. Par la force, pas même un grillon. »
Gros-Groin écouta attentivement les mots sages d'Huguette. Il comprit qu'il ne pourrait pas attraper Gédéon en courant après lui. Alors, il la remercia et rentra chez lui. Toute la nuit, il pensa à un plan pour piéger Gédéon sans avoir besoin de courir.
Le lendemain, Gédéon revint pour taquiner Gros-Groin une fois de plus. Comme d'habitude, le sanglier commença à le poursuivre, mais cette fois-ci, il courait dans une direction précise. Gédéon, tout en riant, le suivit sans se rendre compte qu'il courait droit vers un piège. Soudain, il se retrouva face à un tas de châtaignes épineuses, et il ne pouvait plus avancer.
Les châtaignes étaient pleines d’épines, et seuls les sangliers pouvaient les enlever. Gédéon regarda autour de lui, effrayé. Il ne pouvait pas passer à travers les épines sans se blesser. Il se retourna vers Gros-Groin, qui l'observait.
Comprenant qu'il ne pouvait pas s'échapper, Gédéon baissa la tête et dit :
« Je suis désolé, Gros-Groin. Je ne voulais pas te rendre furieux. Je voulais juste jouer avec toi, parce que je te vois souvent tout seul et triste. »
Touché par les paroles de Gédéon, Gros-Groin sourit pour la première fois.
« Je comprends, Gédéon. Mais la prochaine fois, il suffit de me demander si tu veux jouer. Je serai content de jouer avec toi, mais sans courir partout ! »
Depuis ce jour, Gédéon et Gros-Groin devinrent de grands amis.
Ils jouaient ensemble dans la forêt, mais cette fois-ci sans se fâcher. Gédéon apportait sa joie et son énergie, tandis que Gros-Groin devenait plus réfléchi et calme, se souvenant toujours de la phrase d'Huguette : « Par la ruse, on peut prendre un lion. Par la force, pas même un grillon. »
Tous les animaux de la forêt étaient heureux de voir que même le grognon Gros-Groin pouvait sourire et s’amuser. La forêt était remplie de rires et de bonheur pour toujours.